Une enquete sur les post-docs aux Etats-Unis

La societe savante internationale Sigma Xi, qui regroupe plus de 70.000 membres dans le monde entier, va publier dans le numero de Mai - Juin de sa revue American Scientist un supplement special de 16 pages intitule « Doctors Without Orders » qui rapporte les principales conclusions d’une enquete menee aupres de plus de 7.600 post-doctorants dans 46 institutions de recherches reparties sur le territoire des Etats-Unis (http://postdoc.sigmaxi.org). Cette enquete aborde de nombreux aspects tres instructifs, comme la composition demographique des doctorants, leur degre de satisfaction, les salaires, leurs attentes, les retombees en terme d’emploi, etc... Le nombre de post-doctorants aux Etats-Unis est de l’ordre de 50.000, et la majorite d’entre eux (69%) beneficie d’un support financier de la part du gouvernement federal. Les plus nombreux font de la recherche dans le secteur des sciences de la vie ou de la sante, mais 22% developpent une recherche qui releve des sciences physiques et de l’ingenierie, alors que 4% travaillent en sciences sociales ou sciences humaines. L’enquete montre que le salaire annuel moyen des post-doctorants aux Etats-Unis est de 38.000 dollars, et qu’il a connu une augmentation de 10% sur les dix dernieres annees (correction faite pour l’inflation). Ces revenus restent cependant bien en deca de ceux de la meme tranche d’age qui ont choisi de suivre un autre parcours professionnel, comme par exemple les titulaires d’un Master dont le revenu moyen dans le prive avoisine les 56.000 $, ou meme d’un Bachelor avec des salaires d’environ 45.000 $ par an. La majorite des post-doctorants (54%) vient de l’etranger (3% de France), et parmi ceux-ci, la plupart (79%) ont obtenu leur doctorat en dehors des USA. Les plus nombreux sont les chinois, suivis par les indiens, les allemands, les sud-coreens et les japonais. Ils resident aux Etats-Unis avec des visas temporaires et gagnent en moyenne 2000 $ de moins que leurs collegues americains. L’enquete revele que globalement le pourcentage de femmes en sejour post-doctoral est encore loin d’atteindre la parite (42% tous secteurs confondus), et que les differences sont importantes selon les domaines scientifiques : plus nombreuses en Sciences Sociales et Sciences Humaines (60%), elles ne constituent que 46% des post-doctorants dans le secteur des Sciences de la Vie, et seulement 23% en Sciences Physiques et Ingenierie. La repartition des ages est curieusement assez large : meme si 58% des post-doctorants ont entre 30 et 35 ans, pres de 10% ont plus de 40 ans. Ainsi, nombre d’entre eux sont maries ou vivent en couple (69%) et environ un tiers ont des enfants a charge. Il est reconfortant de constater que 70% de post-doctorants sont satisfaits de leur experience, meme si on aurait pu s’attendre a un meilleur resultat de la part de jeunes qui ont choisi eux-memes cette voie. Les motifs des 22% qui s’avouent decus sont tres varies : soutien financier insuffisant, charges de travail hebdomadaire tres lourdes, mauvaise entente voire meme conflits avec le responsable du stage, problemes de visa, difficultes d’integration, precarite... Un probleme souvent cite est que certains post-doctorants ne se sentent pas responsables de leur travail et ont l’impression de n’etre qu’une main d’oeuvre qualifiee au service du laboratoire. Il est vrai que la prise en charge des post-doctorants dans les laboratoires d’accueil s’avere extremement variable, que ce soit au moment de leur arrivee, ou bien en ce qui concerne le suivi de leur travail. Il ressort d’ailleurs que les plus satisfaits de leur experience sont ceux qui ont beneficie d’un encadrement relativement strict, avec un projet de recherche initial bien defini, un plan d’avancement du travail ponctue par des rendez-vous reguliers avec le responsable du stage, elements qui se concretisent souvent par une production scientifique plus importante. L’augmentation importante du nombre de post-doctorants scientifiques au cours des 10 dernieres annees (2,8% par an) a largement depasse la croissance du nombre d’emplois stables offerts dans les universites (0,8% par an), de sorte que la proportion des post-doctorants actuels qui pourra trouver un poste de titulaire sera encore plus faible dans les annees a venir (elle etait de l’ordre de 1 sur 3 dans le milieu des annees 90, selon une etude de la National Science Science La science est désormais l’affaire de tous. Découvrez la science d’une manière ludique et active. Nous vous proposons d’en découvrir plus sur nos expéditions à la voile, découverte du plancton. Foundation). Ainsi, malgre leurs esperances, beaucoup des doctorants qui ont repondu a l’enquete ne deviendront pas chercheurs universitaires et devront s’orienter vers d’autres secteurs que le secteur academique. Redacteur : Roland Herino, MS&T Houston