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Tuberculose bovine et mouvements de bovins : une etude extensive

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Tuberculose bovine et mouvements de bovins : une etude extensive

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Alors que la tuberculose bovine (bTB) avait presque disparu du paysage
britannique, les 20 dernieres annees ont ete temoin de sa recrudescence.
Certaines regions sont particulierement touchees, notamment l’Ecosse, le
Pays de Galles et les regions centres et Sud-ouest de l’Angleterre ou la
maladie est aujourd’hui endemique.
Les cycles de transmission et de propagation de la maladie sont mal connus,
et laissent ainsi le debat largement ouvert sur les causes de cette
recrudescence epidemique. Les politiques ont longtemps imagine, a juste
titre, que les deplacements d’animaux representaient un facteur crucial dans
les epidemies de maladies infectieuses. En effet, plusieurs millions de
bovins sont deplaces chaque semaine d’un bout a l’autre du pays, d’un
elevage a une ferme, un marche ou encore un abattoir. D’autres facteurs ont
egalement ete invoques, tels que la transmission inter-especes depuis des
reserves naturelles de faune (en particulier, nous reviendrons plus loin sur
les blaireaux sauvages), des mesures de controle non adaptees, des facteurs
agro-environnementaux ou encore les deplacements d’animaux infectes.
Une etude, menee par le Dr. Gilbert, de l’Universite de Glasgow, presente
une analyse extensive sur le role du transport de ces bovins dans
l’epidemiologie de la bTB et utilise des modeles deja existants pour etablir
des predictions a court terme. Les resultats, publies dans le journal
Nature, indiquent que la variable « deplacements de bovins » represente un
facteur majeur de prediction pour l’apparition de la maladie, bien plus
importante que les autres variables environnementale, topographique ou
anthropogenique.
Pour cela, l’equipe de scientifiques a utilise des outils statistiques
(« multiple logistic regression ») pour extraire et effectuer l’analyse
integree de plus de 97 millions d’entrees stockees au sein des archives du
« Cattle Tracing System », une banque de donnees creee sous l’egide du
« British Cattle Movement Service ». Le modele a ete teste sur les donnees
connues de la periode 2002/2003, et les analyses sont sans equivoque : la
distribution geographique de bTB est fortement liee a la variable
« deplacement des bovins », c’est-a-dire au nombre d’imports recents de bovins
depuis des zones infectees. Les scientifiques ont ensuite utilise ces
resultats comme entrees dans un modele informatique de distribution
changeante de la maladie au Royaume-Uni, predisant de facon correcte (a 80%)
la propagation ou l’apparition de la maladie dans des zones aussi bien
determinees que 25 km2. Ce modele prevoit egalement une augmentation du
nombre de cas de bTB au cours de l’annee 2005, et l’apparition de nouveaux
foyers d’infections en dehors des regions deja touchees. Si les deplacements
de bovins jouent un role important dans la transmission de bTB et
l’apparition dans des zones encore non touchees, ce facteur ne peut
expliquer la persistance de la maladie dans des zones deja affectees.
D’autres facteurs d’importance sinon egale, tout au moins non negligeable,
doivent etre recherches.
Parmi ces autres facteurs de transmission de la maladie rapidement evoques
ci-dessus, certains experts estiment que la presence de blaireaux sauvages
dans des zones voisines des elevages de bovins pourrait jouer un role
important. Ces animaux sont porteurs de la maladie bovine, et sont donc
susceptibles de contracter aussi bien que de transmettre bTB. Selon le
modele presente par Gilbert et coll, la proximite de ces animaux joue un
role dans la propagation de bTB parmi les troupeaux de bovins mais ce role
n’est cependant pas preponderant.
Pour comprendre le role de ces blaireaux sauvages, nous pouvons faire etat
ici d’une etude longue duree (5 ans) menee en Irlande ("Four counties
trial") et publiee en debut d’annee 2005. L’objectif etait de comparer deux
a deux la frequence d’apparition de bTB dans des troupeaux de bovins, la
moitie provenant d’une zone reference (ou peu de blaireaux etaient abattus)
et l’autre moitie d’une zone de retrait (ou les blaireaux etaient abattus de
facon proactive, c’est-a-dire meme en l’absence d’infection de bTB chez les
bovins). Le lien entre la presence de blaireaux sauvages et la frequence
d’infection des troupeaux etait evident : les cas de bTB confirmes dans un
troupeau donne avaient chute entre 62 et 95% dans les zones de retrait par
rapport aux zones references. Il est important de noter que ces resultats
n’ont pas ete atteints a court terme et que dans certaines zones de retrait,
le nombre de cas confirmes de bTB dans un troupeau donne avait commence par
augmenter avant de diminuer a la fin de l’etude.
Une etude similaire (composee de deux groupes distincts, chasse gardee ou
chasse proactive des blaireaux sauvages) a ete demarree recemment sur une
zone plus large que dans l’etude precedente, dans la region du Sud-ouest de
l’Angleterre. Les resultats ne sont pas attendus avant plusieurs annees.
Ces etudes permettent d’obtenir des resultats epidemiologiques et indiquent
que la dynamique d’infections chroniques est lente, et il pourrait se passer
des annees voire des decennies avant que les effets de toute intervention ne
se fassent sentir.

Sources : Nature, Vol.435, pp 491-96, 26/05/05, http://www.nature.com ,
Preventive Veterinary Medicine, Vol.67 (4), pp237-66, 03/05,
http://www.sciencedirect.com/science/journal/01675877
Redacteur : Dr Claire Mouchot

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