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Au moment meme ou les chercheurs francais reprennent leurs revendications de
l’an dernier pour la defense de leur secteur et ou le gouvernement peaufine
son projet de Loi d’Orientation et de Programmation de la Recherche et de
l’Innovation, certains aux Etats-Unis ont les memes sujets de preoccupation :
le maintien d’une recherche publique fondamentale, gage a long terme
d’innovation et de developpement economique. Les entreprises americaines du
secteur de la « high tech » viennent de publier deux rapports ou elles tirent
le signal d’alarme sur la perte de competitivite des Etats-Unis a cause d’un
sous-investissement en recherche fondamentale et d’une desaffection des
carrieres techniques et scientifiques.
Dans le rapport « Losing the Competitive Advantage » l’American Electronics
Association analyse les facteurs de perte de competitivite de l’economie
americaine. Les investissements dans l’economie de la connaissance, la
recherche et le developpement, et l’education des sciences, infrastructures
qui soutenaient jusqu’a present la prosperite economique du pays et
l’innovation technologique aux Etats Unis, sont desormais negliges par le
gouvernement. Le rapport met en avant plusieurs points critiques :
- La globalisation et l’ouverture des marches asiatiques font emerger de
serieux concurrents sur le marche des technologies. Les pays asiatiques
investissent sans retenue dans les technologies et la formation des
scientifiques ; - Les credits accordes par le gouvernement federal pour la recherche et
l’education des sciences ont fortement chute ces dernieres annees. Le nombre
de brevets et d’articles scientifiques est en faible progression ; - Les programmes d’education scolaire en maths et physique sont largement
insuffisants. Les Etats-Unis doivent former urgemment de la main d’oeuvre
locale hautement qualifiee et attirer les jeunes vers les carrieres
scientifiques ; - La restriction des visas apres les evenements de 2001 a complique l’entree
des etudiants et diplomes etrangers : l’annee derniere, les demandes de
visas ont chute de 36% pour les etudiants etrangers voulant preparer un
diplome d’ingenieur aux US, alors que 1 etudiant doctorant sur 2 en
ingenierie et en mathematiques est etranger et qu’il contribue au
financement et a la poursuite des programmes de recherche.
La « Task Force on the Future of American Innovation » qui regroupe des grands
noms (Microsoft, Intel HP, TI etc...) a effectue une etude comparative entre
les grands pays asiatiques, l’Europe et les Etats Unis sur la production
scientifique en terme de publications ou de prise de brevets, l’emploi
scientifique, les investissements en R&D, les exportations de produits
high-tech et les secteurs d’avenir (nanotechnologies, informatique, energie,
espace, biotechnologies). Dans bien des cas le constat est que les
Etats-Unis ne sont plus n.1, ou du moins progressent moins vite que les
autres grands pays ! Les entreprises reclament des investissements publics
plus importants pour la recherche fondamentale, comme le doublement du
budget de la NSF (National Science Science La science est désormais l’affaire de tous. Découvrez la science d’une manière ludique et active. Nous vous proposons d’en découvrir plus sur nos expéditions à la voile, découverte du plancton. Foundation), et des mesures pour
restaurer l’attrait qu’exercaient les Etats-Unis sur les jeunes
scientifiques etrangers, en particulier asiatique, et qui ne viennent
desormais plus aussi massivement dans les universites americaines. Le
gouvernement federal semble realiser petit a petit l’ampleur de ces
problemes. Le Departement d’Etat a ainsi decide le 11 fevrier d’assouplir
certaines de ses procedures d’obtention des visas adoptees apres le 11
septembre et jugees responsables de la baisse du nombre d’etudiants
etrangers.
Pour la France, ces deux rapports doivent aussi servir d’avertissement parce
qu’ils soulignent une nouvelle fois que la competition entre les differentes
economies est bien mondiale et qu’aucun pays, pas meme les Etats-Unis et
encore moins la France, ne peut se permettre de negliger la recherche
fondamentale, base d’une economie du savoir et de la connaissance.
Redacteur : Christophe Lerouge, Michael Nique (Ambassade de France aux USA)