Peut-on mesurer la valeur sociale des especes animales ?

Le retour des grands predateurs mammiferes en Europe de l’Ouest pose un certain nombre de problemes socio-economiques. Le retour du loup (Canis lupus) en Norvege ne fait pas exception, et le tir de 4 loups en fevrier le long de la frontiere Suedoise est la pour l’attester. Afin de determiner de maniere objective l’acceptabilite des grands carnivores, des chercheurs norvegiens ont conduit une enquete aupres de la population norvegienne, basee sur un echantillon de 3134 individus. Les questions posees portaient sur la perception des carnivores lorsqu’ils vivent eloignes ou proches des humains, lorsqu’ils s’en prennent au betail ou aux animaux de compagnie ou lorsqu’ils menacent la vie d’individus. Il est interessant de constater que les reactions des personnes sont tres variees en fonction de l’espece consideree. Ainsi, le loup et l’ours (Ursus arctos) sont-ils moins bien percus que le lynx (Lynx lynx) et le glouton (Gulo gulo) dans le scenario ou ils se trouvent proches des habitations. Le degre d’acceptabilite des differentes especes diminue a la fois avec l’absence de controle personnel (droit de chasse par exemple), l’ampleur des pertes economiques infligees et l’age des personnes interrogees. Les hommes acceptent egalement mieux la presence des carnivores que les femmes, et de maniere generale, l’acceptabilite est meilleure dans les zones urbaines que rurales. Ces resultats montrent que les mesures generalement employees jusqu’alors n’ont qu’une valeur limitee lorsqu’il s’agit de gerer la faune sauvage et les specificites locales et sociales devraient avoir un poids plus important ; de tels resultats permettent egalement aux economistes, grace a des modeles mathematiques, de prevoir les consequences potentielles du retour du loup dans l’ensemble du pays. Sources : Kleiven, Bjerke & Kaltenborn (2004) Biodiversity and Conservation (2004), 13:1647-1658 (jo.kleiven hil.no) Redacteur : Christophe Bonenfant (bonenfant_christophe hotmail.com)