Accueil > Liens > Actus sciences > Nouvel espoir dans la lutte contre le paludisme
Le paludisme continue de faire environ un million de victimes chaque annee
sans que les avancees scientifiques ne puissent en trouver le tendon
d’Achille. L’espoir sans cesse renouvele accompagnant toute nouvelle
approche de lutte contre la maladie a systematiquement ete aneanti lorsque
l’agent infectieux, le parasite Plasmodium, trouvait une parade en faisant
evoluer son genome lui permettant ainsi de devenir resistant aux composes
chimiques (insecticides, pesticides, chimiotherapie) developpes par les
laboratoires du monde entier pour l’eradiquer. C’est pourquoi la decouverte
de composes -presentant une structure chimique nouvelle- destines a contrer
le parasite a une etape differente de son cycle souleve de grands espoirs :
dans son numero du 10 juin 2005, le journal Science
Science
La science est désormais l’affaire de tous. Découvrez la science d’une manière ludique et active. Nous vous proposons d’en découvrir plus sur nos expéditions à la voile, découverte du plancton.
publie une etude menee
par deux equipes de scientifiques britanniques presentant une approche
entierement nouvelle pour lutter contre cette maladie devastatrice.
Les Dr. Simon Blanford de l’Universite d’Edimbourg et Matt Thomas
d’« Imperial College », Londres, ont demontre - au laboratoire - qu’un
champignon microscopique, le Beauveria bassiana, pouvait infecter et tuer
des moustiques Anopheles (porteurs du parasite Plasmodium) en quelques
jours, suite a un simple contact. Les spores inertes de Beauveria bassiana
peuvent etre deposees sur les vetements ou des tentures suspendues le long
des murs et plafonds des maisons. Une fois repus, les moustiques viennent
habituellement se poser sur ces tentures pour digerer. Le simple contact
avec les spores rend celles-ci actives ; elles penetrent dans le corps du
moustique, s’y developpent et induisent une mort prematuree de l’insecte,
interrompant ainsi le cycle du Plasmodium. Puisque le parasite doit etre
present au sein de l’insecte pendant une duree d’environ deux semaines pour
le rendre infectieux, la mort prematuree de l’insecte permet de reduire la
frequence de transmission de la maladie de facon spectaculaire : jusqu’ a
98% dans des conditions de laboratoire. Par ailleurs, Beauveria bassiana
reduit la transmission en interrompant la piqure et les auteurs suggerent
qu’il pourrait meme interagir avec le parasite. D’apres le Dr. Simon
Blanford, les moustiques infectes semblent voler moins aisement, et
produiraient moins d’oeufs.
Certains experts, bien que se rejouissant, rappellent que des vagues
d’espoir similaires ont deja ete aneanties dans le passe du a la rapide
adaptation du genome du Plasmodium et la resistance des Anopheles qui
s’ensuivaient. Selon le Dr. Matt Thomas, toutefois, il n’existe aucune
preuve dans l’histoire des sciences amenant a penser que le moustique
pourrait devenir resistant au Beauveria bassiana. Il estime que meme dans
cette eventualite, la probabilite de voir le parasite s’adapter a la fois au
champignon microscopique et aux pesticides chimiques serait extremement
faible, et que l’un ou l’autre ou les deux pourraient etre utilises en
rotation ou simultanement pour prolonger leur efficacite.
Un deuxieme article publie dans le meme numero de Science
Science
La science est désormais l’affaire de tous. Découvrez la science d’une manière ludique et active. Nous vous proposons d’en découvrir plus sur nos expéditions à la voile, découverte du plancton.
, suite a une
collaboration entre scientifiques de plusieurs pays ("Ifakara Health
Research and Development Centre" en Tanzanie, l’Institut Tropical Suisse
Colonie de vacances
Valais
Suisse
L’ONG Objectif Sciences International propose chaque année plusieurs colonies de vacances scientifiques dans le Valais Suisse, avec différentes thématiques (faune & flore, architecture, paléontologie, géologie, drones...). Vous trouverez des informations en suivant ce lien sur les séjours nature.
de
Bale et l’Universite Wageningen aux Pays-Bas), presente les resultats
obtenus lors de tests directement sur le terrain, dans un village de
Tanzanie. Sans chercher a demontrer un effet sur la transmission de la
maladie, l’etude avait pour objectif de demontrer la virulence de l’agent
biologique contre le moustique Anopheles. Les scientifiques ont suspendu des
tentures impregnees de spores inertes de Beauveria bassiana a l’interieur de
cinq maisons. Ils ont ensuite collecte les moustiques quotidiennement
pendant 3 semaines tout en conservant les insectes en vie a l’aide de
glucose. Alors que les estimations indiquent que, dans cette region, une
personne est piquee une fois par nuit en moyenne par un Anopheles, un modele
mathematique base sur la collecte de ces moustiques a permis de demontrer
que l’utilisation de ces tentures pouvait reduire la frequence a environ une
piqure toutes les trois semaines : environ 23% des femelles etaient
infectees par les spores, et leur esperance de vie raccourcie d’environ 4 a
6 jours en comparaison avec les moustiques collectes dans cinq maisons
controles. Dans le cas de B. bassiana, la transmission pourrait etre reduite
encore davantage puisque, d’apres des donnees de laboratoire, le champignon
microscopique pourrait entraver le developpement du moustique et son arrivee
a maturite, ainsi que son appetit ce qui ferait reduire les chances de
transmission du parasite chez l’Homme.
Par rapport a d’autres pesticides, les biopesticides derivant de champignons
microscopiques sont des composes brevetes pour utilisation dans
l’agriculture en Afrique, ayant demontre leur absence de toxicite a la fois
pour l’etre humain et pour l’environnement, et qui sont deja produits
industriellement. Le probleme majeur a l’utilisation de cet agent provient
de la periode infectieuse relativement courte (quelques semaines), qui
forcerait a reappliquer l’agent de facon recurrente, et ferait augmenter
fortement les couts de traitements.
Sources : University of Edinburgh, http://www.ed.ac.uk, Imperial College,
News release, 09/06/05, http://www.imperial.ac.uk, Science, Vol.308 (5728),
pp1638-41 & pp1641-1642, http://www.sciencemag.org
Redacteur : Dr Claire Mouchot