Accueil > Liens > Actus sciences > La question de la drogue en Irlande : donnees, chiffres et analyses
Les derniers chiffres et donnees sur la consommation de drogues en Europe et par pays ont ete publies par le « European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction » (EMCDDA) dans son rapport annuel 2004. Les informations, concernant la situation de l’Irlande et contenues dans ce rapport, ont ete fournies par le « Drug Misuse Research Division » (DMRD) du « Health Research Board » qui est l’instance de reference de l’EMCDDA au niveau national. Le but de cette synthese est de mettre en lumiere les resultats significatifs pour l’Irlande dans le contexte de chiffres en augmentation a l’echelle europeenne. Les drogues etudiees (opium, cocaine, cannabis et ecstasy) le sont tant au niveau de la consommation (chiffres) qu’au niveau des complications et des consequences qu’elles peuvent entrainer (comme l’utilisation concomitante de plusieurs drogues, les maladies psychiatriques, le sang contamine ou les deces dus a la consommation de drogues). Cette synthese evoque egalement la politique de sante menee dans le domaine de la drogue. Il est important de souligner que le rapport annuel 2004 de l’EMCDDA se fonde sur des informations fournies par les instances nationales en 2003. Il fait donc essentiellement le point sur la consommation de drogues en Europe en 2002 et dans les annees precedentes. Resume de la situation actuelle : - La strategie de l’Irlande concernant la question de la drogue est jugee tres complete, comparee a celles des autres pays de l’UE en la matiere. - L’Irlande se situe approximativement au milieu du « classement europeen » concernant la consommation de cannabis, de cocaine et d’ectasy au sein de la population. - Comme dans les autres pays de l’UE, les nouveaux cas de consommation d’opium observes ont diminue de 12% en Irlande, meme si leur nombre continue d’augmenter dans certains comtes en dehors de Dublin et de sa region. - Le nombre de demandes de traitement pour le cannabis et la cocaine a augmente en Irlande, tendance qui se retrouve dans les autres pays de l’UE. - Les cas de seropositivite n’ont pas chute en Irlande comme cela a pu etre observe dans d’autres pays de l’UE, mais se sont stabilises. Comme dans les autres pays europeens, le nombre total de deces dus a la consommation de drogues a globalement diminue en 2001, meme s’il a continue a augmenter dans les comtes en dehors de Dublin. Cas de l’opium La frequence des cas de consommation d’opium au sein de la population (15-64 ans) est de 5,6 pour mille. Ce taux se situe environ au milieu du classement pour l’ensemble des pays europeens (2 a 10 cas pour mille). En Irlande : - Le nombre de nouveaux cas de suivis pour des problemes relatifs a la consommation d’opium a diminue de 12%, passant de 997 cas en 1998 a 875 cas en 2002. Cette tendance est semblable a celle observee dans plusieurs autres pays de l’UE. Mais elle cache en Irlande des disparites regionales avec une diminution considerable dans la zone de l’ « Eastern Regional Health Authority » (ERHA), passant de 927 cas en 1998 a 624 cas en 2002, mais une augmentation en dehors de cette zone, passant de 60 cas en 1998 a 205 cas en 2002. La ERHA est l’organisme qui a la responsabilite operationnelle des services de sante pour Dublin et sa region (comtes de Dublin, Kildare et Wicklow). - Le nombre total de personnes suivies pour une consommation d’opium par injection a diminue, passant de 83% en 200 a 79% en 2002. Une plus grande proportion de consommateurs d’opium suivis declare avoir deja consomme de l’opium par injection dans l’ERHA (80%) que dans les regions hors de l’ERHA (55%). - Le nombre total de patients comptabilises comme ayant suivi un traitement a base de methadone a augmente de facon continue, passant de 1.529 en 1994 a 8.155 en 2003. Fin decembre 2003, le nombre de patients recevant des traitements a base de methadone etait de 6.883 ce qui constitue un bon indicateur du nombre de places disponibles pour ce type de traitement a cette date. Ce nombre a augmente de 7% entre 2002 et 2003. Cas du cannabis L’EMCDDA rapporte que le cannabis reste la drogue illegale la plus frequemment consommee au sein de l’UE. En Europe, pres de 20% des adultes ont deja essaye cette drogue au moins une fois dans leur vie ; en Irlande les chiffres de l’etude de la population globale du « National Advisory Committee on Drugs » (NACD) montrent que presque 18% de la population (15-64 ans) ont essaye le cannabis au moins une fois. A travers l’Europe, la consommation de cannabis est generalement plus elevee chez les jeunes adultes (15-34 ans) que chez les autres adultes (35-64 ans). Les chiffres concernant les jeunes adultes s’etalent de 15% pour l’Estonie, le Portugal ou la Suede a plus de 35% pour le Danemark, l’Espagne, la France et le Royaume-Uni. En Irlande, les donnees correspondantes pour les jeunes adultes sont dans la moyenne avec 24%. Dans la plupart des pays de l’UE, les estimations de consommation courante de cannabis (c’est-a-dire une consommation dans le mois passe) s’echelonnent de 1 a 7% chez les adultes (15-64 ans) et de 3 a 12% chez les jeunes adultes (15-34 ans). L’Irlande a le plus petit ecart dans l’eventail europeen (un peu en-dessous de 3% pour les adultes et un peu au-dessus de 4% pour les jeunes adultes). Selon l’EMCDDA, entre 1 et 4% des jeunes adultes (15-34 ans) de l’UE consomment du cannabis de facon intensive (c’est-a-dire quotidiennement ou presque). En Irlande, pres de 3% des jeunes adultes (15-34 ans) consomment du cannabis quotidiennement ou presque. En Irlande, la frequence de consommation du cannabis et le profil d’age des consommateurs de cannabis dans la population observee sont conformes aux resultats de l’etude pour l’ensemble de la population europeenne. Par exemple : - Le nombre total de personnes suivies pour des problemes dus a la consommation de cannabis a double, passant de 2.088 en 1998 a 4.422 en 2002. - Les consommateurs de cannabis suivis medicalement sont jeunes, 11% ont moins de 18 ans et 25% ont moins de 20 ans. Alors qu’on notait une augmentation continue du nombre de saisies de cannabis entre 1995 et 2001, le nombre de celles-ci a diminue de 51% en 2002, passant de 6.233 saisies a 3.024 saisies en 2002. En 2003, les saisies de cannabis ont augmente legerement - passant a 3.705 saisies - mais la quantite saisie a diminue, passant de 8.900 kg en 2002 a environ 5.500 kg en 2003. L’EMCDDA remarque qu’il y a peu de preuves d’une augmentation significative de la production de cannabis au sein de l’UE. Une des explications possibles est que la plus grande partie du cannabis (feuille et resine) consomme dans l’UE est cultivee en dehors de l’UE ou la production est restee stable. Les Pays-Bas sont le seul pays de l’UE ou l’on observe une augmentation significative de la production de cannabis par suite de l’augmentation de la culture de plants par des particuliers. La production de cannabis n’est pas surveillee de facon systematique en Irlande, mais une etude recente publiee par le NACD conclut que le besoin s’en fait sentir. Cas de la cocaine Les etudes realisees dans les pays de l’UE montrent qu’entre 1 et 10% des jeunes adultes (15-34 ans) declarent avoir consomme de la cocaine a un moment donne de leur vie. En Irlande, les chiffres fournis par le NACD dans une etude de la population globale pour la periode 2002/2003 indiquent que pres de 5% des jeunes adultes (15-34 ans) ont essaye la cocaine au moins une fois, ce qui place de nouveau l’Irlande au milieu du classement europeen. L’EMCDDA note une augmentation de la consommation recente de cocaine (c’est-a-dire de la consommation dans l’annee ecoulee) chez les jeunes gens dans un certain nombre de pays de l’UE dont l’Irlande. Les chiffres irlandais se fondent sur les deux etudes nationales sur la sante et les modes de vie (etudes realisees par un organisme dont le sigle irlandais est SLAN) menees entre 1998 et 2002 aupres des adultes de 18 ans et plus. Dans ces deux etudes, les personnes etaient interrogees sur le fait qu’elles avaient ou non consomme de la cocaine dans les 12 derniers mois. Les resultats, traites par sexe, montrent que la consommation augmente chez les hommes (de 18 ans et plus), passant de 1,8% en 1998 a 3,0% en 2002, de meme que chez les femmes (de 18 ans et plus) ou elle passe de 0,6% en 1998 a 1,9% en 2002. Le nombre de personnes suivies a fortement augmente, passant de 454 en 1998 a 1.716 en 2002. Les centres de traitement declarent que l’opium est la drogue qui pose le plus de problemes aux consommateurs de drogues, cette observation etant confirmee dans d’autres pays de l’UE. L’EMCDDA note une tendance a la hausse dans la saisie de cocaine dans presque tous les pays de l’UE entre 1997 et 2002. On observe presque un triplement des saisies en Irlande, qui passent de 157 en 1997 a 429 en 2002. La quantite de cocaine saisie en Irlande a augmente, passant de 18 kg en 1997 a 107 kg en 2002. Cas de l’ecstasy En Irlande, le nombre de personnes suivant un traitement relatif a la consommation d’ecstasy et declarant avoir un probleme avec la consommation de cette drogue a presque double, passant de 835 en 1998 a 1.615 en 2002. L’EMCDDA note que l’ecstasy rivalise maintenant avec les amphetamines comme la deuxieme drogue consommee par les jeunes Europeens apres le cannabis. Les chiffres publies dans l’etude montrent qu’entre 0,5 et 7% des adultes (15-64 ans) de l’UE ont essaye l’ecstasy au moins une fois dans leur vie, compare a 0,5 a 6% des adultes pour les amphetamines (sauf au Royaume-Uni ou ce taux atteint les 12%). En Irlande, les chiffres du NACD montrent que 4% des adultes (15-64 ans) ont essaye l’ecstasy au cours de leur vie alors que 3% ont essaye les amphetamines. Ces chiffres situent l’Irlande vers le milieu du classement auropeen. L’ecstasy est la deuxieme drogue la plus frequemment saisie en Irlande apres le cannabis. Apres une augmentation aigue du nombre de saisies d’ecstasy, qui est passe de 347 en 1997 a 1.864 en 2002, ce chiffre a baisse - 1.027 saisies en 2002 (et 1.078 en 2003). Ceci est conforme aux tendances observees dans les pays voisins de l’UE. Utilisation concomitante de plusieurs drogues L’utilisation concomitante de plusieurs drogues est courante parmi les personnes suivies pour des problemes de drogue en Irlande, une tendance presente dans d’autres pays de l’UE. En 2002 en Irlande, 76% des consommateurs de drogues suivis declaraient avoir des problemes avec la consommation de deux drogues ou plus, 44% avec la consommation de trois drogues ou plus et 19% avec la consommation de quatre drogues ou plus. Les exemples de cas d’utilisation concomitante de plusieurs drogues chez les personnes suivies en Irlande sont : cannabis et inhalation de substances, cannabis et ecstasy, heroine et benzodiazepines ou heroine et cocaine. Les personnes utilisant plusieurs drogues de facon concomitante sont des cas plus complexes et ont moins de chances de voir leur traitement reussir que les personnes ne consommant qu’une seule drogue. Il n’y a actuellement pas de donnees nationales publiees sur l’utilisation concomitante de plusieurs drogues au sein de la population globale de l’Irlande. Politique L’Irlande est l’un des 22 pays, parmi les 26 pays etudies par l’EMCDDA (les 25 pays de l’UE et la Norvege), qui disposent d’un plan de lutte nationale contre la drogue. Plusieurs aspects positifs de la strategie irlandaise se retrouvent dans les strategies d’autres pays europeens. Notamment une approche equilibree entre les methodes visant a reduire l’offre de drogues illegales et celles visant a en reduire la demande, une coordination nationale, un plan d’action avec des responsabilites assignees et des moyens pour une surveillance accrue. Le plan national irlandais de lutte contre la drogue se distingue de ceux des autres pays de l’UE par son caractere plus tolerant puisqu’il donne par exemple un eventail d’options pour traiter la consommation abusive de drogues (de la reduction a l’abstinence). Le plan irlandais couvre par ailleurs une periode de huit ans ce qui facilite la prise en consideration des evolutions a moyen terme qui sont actuellement sous-estimees. Le rapport de l’EMCDDA indique que l’Irlande pourrait uniquement augmenter l’efficacite de son plan national de lutte contre la drogue en le couplant avec ses politiques et strategies de lutte contre l’alccolisme a l’echelle nationale. Dependance a la drogue et maladie psychiatrique En Irlande, le nombre de personnes souffrant a la fois de dependance a la drogue et de maladie psychiatrique n’est pas connu. Certains travaux de recherche de petite ampleur montrent que la consommation de cannabis est associee a des maladies psychiatriques, en particulier la schizophrenie, la psychose, la depression ; alors que la consommation d’opium et de sedatifs est associee a la depression (ces deux substances etant vraisemblablement utilisees dans ce cas par auto-medication). Par ailleurs, certaines etudes ont montre que des symptomes psychotiques etaient associes a la consommation de cannabis. Il n’y a pas de politique ou de strategie nationale pour prendre en charge les individus qui souffrent a la fois de dependance a la drogue et de maladie psychiatrique, bien que, dans la pratique, il y ait localement des liens entre les services psychiatriques et les services de desintoxication. En 2002, la NACD a depeche une equipe a l’universite « Dublin City University » pour etudier la prise en charge des individus souffrant conjointement de maladie psychiatrique et de consommation abusive de substances en Irlande. Le rapport publie en novembre 2004 identifie un certain nombre de points auxquels il s’avere necessaire de porter attention. Le sang contamine (HIV et hepatite C) Les cas de seropositivite n’ont pas chute en Irlande, contrairement a ce qui a pu etre observe dans d’autres pays de l’UE, mais se sont stabilises. Le « National Disease Surveillance Centre » (NDSC) comptabilise 47 nouveaux diagnostics de seropositivite chez les personnes consommant de la drogue par injection en 2003 ; alors qu’il comptabilisait 50 nouveaux cas en 2002 et 38 en 2001. L’hepatite C pose en Irlande un probleme plus aigu, par rapport au sang contamine, chez les personnes consommant de la drogue par injection. Entre 1992 et 1998, un travail de recherche irlandais estimait que la frequence des nouveaux cas d’infections par l’hepatite C chez les personnes consommant de la drogue par injection etait de 66% par an ; ce qui est superieur de 30% aux estimations faites dans les autres pays de l’UE. Deces dus a la consommation de drogue En Irlande, le nombre de deces dus a la consommation de drogues a chute en 2001 - 88 deces. Ceci fait suite a une augmentation constante, de 8 cas en 1991 a 119 cas en 2000, mentionnee par le « General Mortality Register » (GMR). Ces chiffres sont conformes aux tendances observees dans les autres pays de l’UE. Entre 1991 et 1994, presque tous les deces dus a la consommation de drogues sont advenus a Dublin (d’apres le GMR). En opposition, la periode 1995-2000 correspond a une augmentation constante du nombre de deces dus a la consommation de drogues en dehors de Dublin, passant de 4 deces en 1995 a 29 en 2001. En 2001, cette augmentation a continue pour atteindre 33 deces dus a la consommation de drogues en dehors de Dublin. Contacts : - Health Research Board, Drug Misuse Research Division - tel : +353 1 676 11 76 - hrb hrb.ie Sources : http://www.hrb.ie