Accueil > Liens > Actus sciences > Comportement des muscles en haute altitude
Les muscles des personnes residant en plaine n’ont pas l’envergure de
ceux des tibetains habitues a vivre a des altitudes elevees. Une des
plus grandes references en matiere de medecine et de physiologie en
haute montagne, Paolo Cerretelli de l’Institut de Bioimagerie et
Physiologie moleculaire de Milan, a decouvert que les muscles des
europeens (populations caucasiennes) apparaissent endommages apres un
sejour moyennement long a des altitudes elevees. Les muscles, en effet,
ne developpent pas les systemes protecteurs et enzymatiques necessaires,
comme le font les muscles des populations du Tibet. La decouverte,
presentee a la conference mondiale de physiologie de San Diego en
Californie, souleve la question du poids preponderant des genes sur
l’adaptation de l’organisme a de hautes altitudes. Cerretelli a
recemment decouvert, qu’a 5000 metres, la puissance musculaire des
tibetains diminue de 8% maximum tandis que la notre chute de 35-40%. De
plus, les muscles des tibetains sont proteges par des systemes
enzymatiques qui purifient l’organisme de l’overdose de radicaux libres
a laquelle il est soumis a des altitudes elevees. Dans la nouvelle etude
- a explique le physiologiste- nous avons utilise des echantillons de
muscles de guides alpins, preleves avant et apres les expeditions sur
l’Everest et le Lhotse en 1981 et 1986 et congeles en attente de moyens
techniques pour les etudier. Les modifications moleculaires et
enzymatiques produites dans les muscles, par le sejour de deux-trois
mois en altitude, ont ete examinees. Les differences apparues entre les
muscles tibetains et caucasiens sont evidentes, a refere Cerretelli :
chez les Tibetains, meme a 5000 metres d’altitude, le niveau de
lipofuscine, molecule indicatrice du dommage cause par les radicaux
libres, est faible alors que, chez les autres, cette molecule reste en
exces apres l’expedition. De plus, les caucasiens presentent des degats
cellulaires et au niveau des mitochondries, les « centrales energetiques »
des cellules, tandis que les fibres musculaires et l’appareil
d’approvisionnement energetique des tibetains restent indemnes. Le
secret des Tibetains ne reside pas dans un tissu musculaire different
mais dans la concentration, dont nous ne beneficions pas, quatre fois
plus elevee d’une enzyme protectrice qui repare les degats causes par
les radicaux libres, la « glutathion-S-transferase », et de considerables
reserves (absentes chez les guides alpins) de myoglobine, la proteine
qui transporte et conserve l’oxygene. Ainsi, quelques mois a des
altitudes elevees ne suffisent pas a induire des modifications
compensatoires d’adaptation. Il est possible que des facteurs genetiques
protecteurs favorisent les Tibetains ou alors, qu’il soit necessaire de
rester plus longtemps dans de telles conditions. Mais, en comparant les
echantillons de muscles avant et apres les expeditions, des variations
de concentration d’au moins 15 proteines sont apparues, qui doivent
encore etre etudiees et qui pourront suggerer d’autres consequences a la
saturation en radicaux libres. Ces informations sont utiles, non
seulement pour la sante des amateurs de haute montagne, mais egalement
pour comprendre la chimie du vieillissement humain. La montagne laisse,
en effet, les memes signes que ceux du passage du temps : accumulation
de substances dechets et de radicaux libres, defaillance des systemes de
ravitaillement energetique, dommages cellulaires. Cerretelli a conclu
que deux-trois mois en haute altitude equivalent a vieillir de maniere
acceleree et reversible et constituent un modele parfait d’etude du
declin physiologique du aux annees qui passent.
Sources : La Stampa - 18/05/2005