A Catane debute le telescope des abysses

Le projet est le fruit d’une collaboration entre l’Institut National de Geophysique et de Vulcanologie (l’INGV qui recueillera des donnees geophysiques) et l’Institut National de Physique Nucleaire (l’INFN qui ira a la chasse aux neutrinos), desireux d’exploiter les caracteristiques naturelles du detroit de Messine. Les deux organismes ont muni les fonds de ce detroit d’equipements tres avances. C’est ainsi que, du port de Catane ou se trouve un laboratoire de collecte et d’analyses des donnees, le navire « Pertinacia » a descendu en mer un cable electro-optique qui arrive jusqu’a un site situe a une profondeur de 2000 metres a 25 kilometres a l’Est de l’Etna. A 20 kilometres de la cote, le cable se divise en deux troncons : un qui relie l’appareil mis au point par l’INFN - un prototype du grand telescope pour neutrinos « Nemo » -, et l’autre reliant la station SM1 construite par l’INGV en collaboration avec Tecnomare de Venise (qui, grace aux specifications fournies par les chercheurs, a concu un observatoire subaquatique). Les operations ont implique de facon ininterrompue, jour et nuit, plus de cinquante techniciens et scientifiques, et sont particulierement interessantes de par l’utilisation de robots sous-marins pour la connexion des appareils. Ce choix distingue ce projet d’autres programmes internationaux, et les francais, desireux de developper le projet Antares, ont decide de suivre la meme procedure et ont abandonne le recours, plus dangereux et moins efficace, au sous-marin. Emilio Migneco, directeur des laboratoires nationaux du Sud-INFN de Catane, a d’ailleurs explique qu’ils ont mis en chantier un nouveau projet de collaboration avec l’INGV et des entreprises du secteur (projet Pegaso) qui est voue au developpement de nouvelles techniques prevoyant l’utilisation de robots sous-marins. Le site du detroit est considere ideal tant pour l’etude des neutrinos que pour celles geophysiques. Le site sicilien offre, en effet, par rapport aux autres experimentations concurrentes, de plus grandes garanties de succes car il est plus profond, offre une eau transparente dans laquelle les signaux se propagent mieux, presente moins de depots (qui seraient capables d’obstruer les capteurs optiques) sur les fonds, et de plus les courants sont moins puissants et la perturbation optique -dite luminescence, due a la presence de differents microorganismes- est moins forte que celle que l’on retrouve pres de Toulon. L’aire comprise entre la Calabre et la Sicile est egalement tres interessante pour les chercheurs de l’INGV car elle est historiquement caracterisee par l’apparition de grands tremblements de terre (magnitude 7) et par des phenomenes de tsunami. Ceci explique l’installation de capteurs et de stations specifiquement orientes vers l’etude d’ondes anormales qui ont plusieurs fois concerne la cote sicilienne et calabraise meridionale. Le premier projet de ce type a ete developpe dans les annees 90 et avait pour but d’etudier les fonds marins. Paolo Favali, responsable des activites marines de l’INGV, a explique que « 70% de la planete sont couverts d’eau tandis que le reseau sismologique mondial est concentre sur les terres emergees, en particulier sur celles economiquement plus developpees. Ceci signifie que les modeles qui etudient ces problemes sont fausses par l’absence d’un reseau adequat et bien distribue de releves des phenomenes. Avec cette station de monitorage, nous pourrons disposer de donnees relevees en temps reel que nous pourrons integrer au reseau sismologique mondial, permettant ainsi de construire un nouveau patrimoine de donnees scientifiques qui colmatera une partie de nos lacunes ». Sources : Il sole 24 ore, 05/10/2005